Elle se tenait dans son salon, un thé earl grey à la main.

4 semaines... 4 semaines qu'elle était enfermée.

Elle voulait sortir, boire un panaché en terrasse, regarder les gens, leur sourire.

Sentir que ce monde était habité, que ses semblables existaient encore. Qu'ils étaient capables de lui sourire aussi. Elles voulaient encore avoir des discussions passionnées avec ses amies où chacune défend chèrement sa position avec la mauvaise foi habituelle.

Elle alla sur son balcon, personne dans la rue.

Elle était seule dans un monde déserté. Déprimant.

Les grands arbres devant elle agitaient leurs branches comme pour chasser d'invisibles moustiques géants.

Le vent dans les arbres, le bruissement dans les feuilles ressemblaient au bruit de la mer.

Elle détacha ses cheveux, ferma les yeux et s'imagina la grande plage de Paramé.

Les piliers en bois le long de la promenade pour casser les vagues. Le Grand Bé sur lequel les touristes allaient se recueillir sur la tombe de Chateaubriand...

Et la mer, les mouettes, le flux, le reflux...

Peu à peu, elle se sentit vraiment sur la plage, les pieds nus dans le sable chaud. Elle se rapprocha de l'eau et ses pieds s'enfoncèrent dans le sable humide. Elle resta là, dans les embruns, à faire ce qu'elle faisait enfant : laisser ses pieds s'enterrer dans le sable au gré des vagues qui allaient et venaient. Les mouettes criaient au-dessus d'elle, un cerf-volant au loin exécutait des cabrioles.

Elle souleva ses pieds qui sortirent du sable avec un bruit de succion. Elle rit.

Elle était bien, elle se sentait à nouveau vivante.

Elle venait de trouver les clés pour sortir de son enfermement.

Rêver... par-dessus tout.

 

Marylo
Avril 2020

 

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