Bonjour, il faut que je vous dise !

Je n'avais dans ma poche qu'un crayon et un carnet qu’il me fallait remplir.

Qu'il vente, qu'il neige, qu'il pleuve ou que le soleil bouscule les mauvais nuages, depuis mon adolescence je restais fidèle à ces rendez-vous soigneusement inscrits.

Aujourd'hui encore, longtemps, longtemps je l'ai attendue devant la grille du château. C'était toujours comme cela, je ne lui en voulais pas et j'en avais même pris l'habitude. Je me débrouillais pour être toujours le premier arrivé et pour qu'elle perçoive un rien d'impatience.

Enfin vers moi elle s'est hâtée. Ses pas légers et ses pieds presque nus glissaient sur les pavés.

En un souffle en pouffant de rire ou en larmes elle s'excusait de son retard et implorait un pardon que je ne pouvais lui refuser.

Comme tous les samedis après-midi nous nous retrouvions si proche l'un de l'autre qu'à chaque fois je ne pouvais m'empêcher de saisir le grain de sa peau, l'éclat de son regard, le dessin de ses lèvres. Enfin je m'enivrais des soyeuses fragrances orientales qui l'enveloppaient.

Elle, elle s'adonnait au plaisir de me surprendre. Un geste, une moue, un mot et je retombais sous son charme. Elle me sentait ravi et elle en souriait. Elle s'amusait à être à chaque fois si différente, pour qu'à nouveau je la redécouvre.

Parfois nous partions pour un tour du monde en quatre-vingt minutes. Parée de bijoux finement ciselés elle s'enveloppait alors dans un léger et frémissant sari d'or et de sang. Plus stricte, elle choisissait un kimono coiffé d'un savant chignon. Pour m'étonner plus encore il lui arrivait de changer sept fois de robe à moins qu'elle ne choisisse l'élégance d'un boubou au tissu chamarré.

Je ne voyais qu'elle, je l'invitais avec une précautionneuse tendresse en prenant sa main qu'elle ne me refusait. Mes doigts ajustant l'étole sur son épaule frémissaient d'aise en en percevant la douce chaleur. Il m'arrivait même de frôler la censure en approchant de trop près sa jarretière. Et si une mèche de ses cheveux venait à se dissiper elle se réjouissait que je la remette en place.

Dans une course folle je l'entraînais. Elle s'abandonnait. Je la retrouvais pâquerette ou blanche marguerite alanguie sur la pelouse aux brins fraichement coupés, enlaçant un saule à l'indolente ramure, caressant le grès du pont de pierres ou toquant le marteau d'une lourde porte de bois des temps féodaux.

La famille, qui avait tenu à l'accompagner, n'appréciait pas la grande complicité qui nous unissait. Elle nous poursuivait en commentant nos faits, nos gestes pourtant si chastes. Je savais que ce soir encore ils ne me laisseraient pas repartir avec elle. Bref, imaginez une caricature de beaux parents !

Le temps passait et il me fallait me retirer. Les yeux embrumés elle me prendrait alors par les épaules pour déposer sur mes joues la marque de notre rencontre.

Comme à chaque fois la famille l'emportera. En s'éloignant elle se retournera une dernière fois en agitant son mouchoir blanc à moins que discrètement elle ne le laisse tomber.

Un peu distant, gauche dans son costume craignant que l'on se moque, regrettant peut-être sa liberté perdue ou ne pensant qu'aux agapes à venir se tenait celui qui désormais pour le pire et le meilleur l'accompagne.

Rapidement il me saluait déjà jaloux. Ne voulant briser mon rêve je préférais lui remettre la facture en l’assurant que je passerai ce soir pour lui présenter les clichés commandés.

C'était comme cela tous les samedis après-midi dans le parc du Donjon.

Le temps de quelques photos au "black" et je tombais amoureux de la mariée.

Au soir je repartais mon chèque en poche……

Samedi prochain je la retrouverai, en retard comme toujours.

Il faut que je vous laisse sinon je vais être en retard.

Aujourd'hui encore, longtemps, longtemps je l'ai attendue devant la grille du château. C'était toujours comme cela, je ne lui en voulais pas et j'en avais même pris l'habitude. Je me débrouillais pour être toujours le premier arrivé et pour qu'elle perçoive un rien d'impatience.

Enfin vers moi elle s'est hâtée. Ses pas légers et ses pieds presque nus glissaient sur les pavés.

En un souffle en pouffant de rire ou en larmes elle s'excusait de son retard et implorait un pardon que je ne pouvais lui refuser.

Comme tous les samedis après-midi nous nous retrouvions si proche l'un de l'autre qu'à chaque fois je ne pouvais m'empêcher de saisir le grain de sa peau, l'éclat de son regard, le dessin de ses lèvres. Enfin je m'enivrais des soyeuses fragrances orientales qui l'enveloppaient.

Elle, elle s'adonnait au plaisir de me surprendre. Un geste, une moue, un mot et je retombais sous son charme. Elle me sentait ravi et elle en souriait. Elle s'amusait à être à chaque fois si différente, pour qu'à nouveau je la redécouvre.

Parfois nous partions pour un tour du monde en quatre-vingt minutes. Parée de bijoux finement ciselés elle s'enveloppait alors dans un léger et frémissant sari d'or et de sang. Plus stricte, elle choisissait un kimono coiffé d'un savant chignon. Pour m'étonner plus encore il lui arrivait de changer sept fois de robe à moins qu'elle ne choisisse l'élégance d'un boubou au tissu chamarré.

Je ne voyais qu'elle, je l'invitais avec une précautionneuse tendresse en prenant sa main qu'elle ne me refusait. Mes doigts ajustant l'étole sur son épaule frémissaient d'aise en en percevant la douce chaleur. Il m'arrivait même de frôler la censure en approchant de trop près sa jarretière. Et si une mèche de ses cheveux venait à se dissiper elle se réjouissait que je la remette en place.

Dans une course folle je l'entraînais. Elle s'abandonnait. Je la retrouvais pâquerette ou blanche marguerite alanguie sur la pelouse aux brins fraichement coupés, enlaçant un saule à l'indolente ramure, caressant le grès du pont de pierres ou toquant le marteau d'une lourde porte de bois des temps féodaux.

La famille, qui avait tenu à l'accompagner, n'appréciait pas la grande complicité qui nous unissait. Elle nous poursuivait en commentant nos faits, nos gestes pourtant si chastes. Je savais que ce soir encore ils ne me laisseraient pas repartir avec elle. Bref, imaginez une caricature de beaux parents !

Le temps passait et il me fallait me retirer. Les yeux embrumés elle me prendrait alors par les épaules pour déposer sur mes joues la marque de notre rencontre.

Comme à chaque fois la famille l'emportera. En s'éloignant elle se retournera une dernière fois en agitant son mouchoir blanc à moins que discrètement elle ne le laisse tomber.

Un peu distant, gauche dans son costume craignant que l'on se moque, regrettant peut-être sa liberté perdue ou ne pensant qu'aux agapes à venir se tenait celui qui désormais pour le pire et le meilleur l'accompagne.

Rapidement il me saluait déjà jaloux. Ne voulant briser mon rêve je préférais lui remettre la facture en l’assurant que je passerai ce soir pour lui présenter les clichés commandés.

C'était comme cela tous les samedis après-midi dans le parc du Donjon.

Le temps de quelques photos au "black" et je tombais amoureux de la mariée.

Au soir je repartais mon chèque en poche……

Samedi prochain je la retrouverai, en retard comme toujours.

Il faut que je vous laisse sinon je vais être en retard.

 

Serge
02/2021

 

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