STOP
Tout à coup, le hérisson se mit en boule.
Il sortit sa couronne d’épines, ses pics en remparts contre l’attaque de l’autre couronné.
De sa forteresse, il n’entendait que le chant des oiseaux et le vent doux du printemps.
Il avait juste eu le temps de voir, là-haut, les bourgeons poindre le bout de leur nez, et ici les crocus, pâquerettes et primevères colorer l’herbe tendre.
C’était pourtant le temps prévu de sa sortie du grand sommeil, le temps du renouveau et des amours... ???
Et le voilà revenu dans le noir !
Le danger le cloîtrait contre son nombril, lui qui rêvait de rencontres !!!
Combien de temps allait-il rester à l’état de bogue ??
Son ventre lui rappela la faim, et la peur de périr commença à l’envahir. Rien n’avait été prévu comme à l’automne et son corps amaigri par l’hiver, pleurait famine.
Tout semblait calme pourtant maintenant dehors mais il sentait qu’il ne fallait pas s’y fier !
A l’extérieur, il percevait que le printemps continuait de réveiller la nature, le monde se déployait vers la lumière, tombait en pâmoison sous la chaleur du ciel éblouissan...
Le printemps était prévisible et revenait, fidèle comme chaque année, mais il savait que le couronné lui, était fourbe, invisible.
Pourquoi s’acharnait-il sur les siens comme une cible unique ?
Il laissait la vie s'épanouir autour, comme pour tromper sa proie !
Le hérisson sentait en lui bouillonner aussi ce désir de vivre, de partir à l’aventure mais il fallait apprendre à le freiner, le dompter !
Sa rébellion contre le repli n’était pas raisonnable mais l’immobilité était aujourd’hui, plus que jamais, tellement contre nature !
Puis, tout à coup, une seule pensée l’envahit et l’apaisa tout entier :
Telle la pomme à la fin de l’été, il décida de ramener cette fougue en son centre, empêcher ce ver du désespoir l’envahir, et la laisser mûrir, tranquillement.
Il découvrait un nouveau sommeil : celui de l’âme.
Il sentait que loin de l’épuiser, de l’anémier, ce « sommeil » le rendait plus fort, plus sage, le ressourçait, même.
Sa sortie serait triomphante et digne.
Il le savait maintenant !
Il attendrait patiemment les signes de l’extérieur.
Il savait que « le minuscule » finirait par abdiquer, abandonner devant sa ténacité !!!
C.REDOUTEZ
Mars 2020