« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »
Blaise Pascal, Pensées, Divertissement.
Réclusion volontaire :
Temps étrange que celui de la réclusion volontaire.
Volontaire, vraiment ?
Solitaire ? Parfois.
Et parfois, dans nos étroits espaces surpeuplés,
On goûterait la solitude.
Confinement, enfermement,
Prisonniers que nous sommes de barreaux invisibles.
Mais aujourd’hui, seuls sur les toits,
Tels le hussard Angelo au temps du choléra,
Les prisonniers, réclamant un peu d’humanité.
Silence des rues et des forêts,
Des grèves et des plages à présent désertées.
Etrange sentiment d’intemporalité,
Temps suspendu d’éternité,
Alors que nos vies sont menacées,
Révélant leur fragilité.
Soignants s’en vont en guerre, tels de preux chevaliers,
Avec leur seul courage pour affronter le mal,
Presqu’à mains nues.
Saluons-les !
Avec leurs masques en becs de canard,
Ils semblent revenus aux temps anciens des grandes pestes.
Médecins en longues robes noires,
Portant masques aux becs gigantesques d’oiseaux.
Alors, pour les aider, restons dans nos maisons.
Lisons, chantons, étudions, applaudissons !
Prions, peut-être, mais les dieux, comme souvent,
Muets dans leurs Olympes d’ivoire,
Restent sourds aux malheurs des hommes.
Dénonçant en son temps la peste du nazisme,
Camus nous a appris que l’Homme,
Par sa Résistance et son combat,
Peut forger son destin,
Inverser le cours du malheur.
Alors, espérons- en demain,
Puisons force d’âme et sagesse
Dans les sourires innocents de nos enfants,
Eux seuls sont épargnés.
Et revenons aux vraies valeurs
De Solidarité, d’humanité...
Docteurs s’en vont en guerre,
Un jour le mal s’en ira,
Qui sait s’il reviendra...
Patricia Lemaire
20 mars 2020