Il était un guerrier
Qui était homme sanglant

Les heures passaient, moutons fous, devant ses yeux
Il revivait sa journée encore et encore, il se sentait miteux
Il faut te battre lui disait son père, il faut te battre lui disait son tuteur
Il faut te battre lui serinait sa mère, il faut te battre lui répétait sa sœur
Le monde entier réclamait sa part, faisant de lui un guerrier à sa gloire
Et lui, jour après jour, revêtait son armure et affrontait le noir
Des abîmes de ce monde, des affrontements permanents
Être le meilleur de son clan et surtout le seul survivant
Ne pas penser, seule existait la victoire
Toujours avancer, ne laisser aucun espoir

Les souvenirs comme tant d'épées
Dans ses entrailles transpercées

Mais cette nuit, perdu, désorienté, il était fatigué
Regardant petit à petit les étoiles s'allumer
Une partie de lui hurlait qu'il s'était perdu
Qu'il ne lui restait rien, qu'il se trouvait tout nu
Dépouillé de tout, exilé de ses propres terres
De celui qu'il était, de son âme légère
Qui tel un oiseau effrayé, avait fui
Loin de la fureur, des cris, du bruit
Il ne lui restait même plus de larmes
Tout lui avait été retiré, sauf le vacarme

Il écoutait hébété
Ces voix en lui hurler

Et pourtant, une étoile qui plus que les autres brillait
Un soupir, une respiration légère qui soulevait
Un petit être, devant lui allongé
Des mèches blondes, sur le front collées
Une vie dont il tenait le fil entre ses doigts
Une hésitation, une lumière qui flamboie
Une main tendue pour le sauver
Arrêter l'épée sur le point de trancher
Se lever, prendre soin, protéger maintenant
Prendre un autre chemin, accompagner l'enfant

Les deux mains emmêlées
Guerrier et enfant serrés

L'enfant marchait, d'un bon pas, confiant
Serrant la main, de cet homme apaisant
Racontant son enfance enfuie
Le faisant rire par diverses pitreries
L'un et l'autre perdus dans cette immensité
Le corps, l'âme et la vie brisés
Marchant ensemble vers une nouvelle vie
Peurs entrelacées, mais tous les deux unis
Le renouveau du printemps couvrant leur pas de fleurs
Chacun découvrant que l'autre peut essuyer ses pleurs

Il était un guerrier
Qui aimait un enfant.

Marylo
26/03/2020

 

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