La nuit s’éclaircit peu à peu, la luminosité de la chambre à coucher s’accroît à peine que j’ouvre un œil, puis deux, alerte. Je m’étire gracieusement et saute au bas du lit, j’ai faim. Ou plutôt, j’ai envie de manger, mon estomac est réglé pour ses 15 minis repas par jour. Je descends les escaliers, « comme un grand-père » je les entends dire, souvent. Mais en bas, la nourriture fait défaut. Je remonte. Il faut réveiller les autres.

Le petit dort encore avec eux, mais moi je dois manger. Je monte sur le lit en y pesant de tout mon poids, je réveille le petit qui s’effarouche. Il pousse un petit cri, c’est souvent efficace pour réveiller la maisonnée.

Elle*, d’abord, qui s’agite, inquiète et décolle difficilement ses paupières pour voir ce qu’il se passe. Hé oui, c’est moi, debout là-dedans ! Elle soupire, se tourne de l’autre côté du lit et essaye de se rendormir. Je décide de veiller à ce qu’elle reste éveillée en grimpant sur sa poitrine, je m’y assieds.

Sa main vient me caresser le visage, mais retombe de fatigue. Bon.

Une autre main m’attrape, c’est celle de Lui* qui s’est réveillé sans bouger jusqu’à présent. Il me serre contre lui, je me débats un peu et m’échappe de cette étreinte. Il le sait pourtant que je n’aime pas ça ! Allez, debout !

Lui obéit gracieusement, c’est un lève-tôt, il a l’habitude. Il s’habille, et me suis. Enfin, je vais avoir à manger. Il prépare le café pour lui, puis me sert ma nourriture et de l’eau fraîche. A table !


Elle s’est levée, bougonne : le petit, après mon réveil surprise, a voulu jouer avec elle. Quel dur réveil. Il descend les escaliers quatre à quatre avec elle, la doublant au risque de la faire tomber. Elle râle, mais sourit. Je crois qu’elle nous trouvera toujours attendrissants, même lorsqu’on fait des bêtises.

Un premier rayon de soleil vient toucher le plan de travail de la cuisine par la fenêtre. J’y vais, c’est mon heure préférée. Je peux rester à ce point d’observation tant que le soleil m’y réchauffe. Je n’aime pas quand les nuages gris me cachent cette lueur si vive. Je vois le ballet des oiseaux qui partent se nourrir, eux aussi. J’ai de la chance, moi je n’ai pas à chasser pour avoir de quoi manger.

Je les entends pépier et chanter aussi, mes oiseaux. J’aime particulièrement le merle. Une trille, un sifflement, plusieurs notes, un beau chant en somme. Parfois ils se posent sur le rebord de la fenêtre, ils n’ont pas peur, je ne peux pas sortir. Je n’aime pas le dehors, chaque fois que j’y vais, ce n’est pas pour des choses agréables, souvent pour des visites médicales.

J’aime pouvoir observer le dehors depuis les endroits douillets qui me sont réservés. Bien au chaud, avec le petit ou seul s’il m’a agacé. J’ai tout le confort dont j’ai rêvé, comment imaginer autrement quand on n’a connu que cela ?


Depuis plusieurs jours, Elle et Lui restent plus longtemps à la maison. Si au début c’était plaisant, - j’aime bien leur compagnie - , très vite j’ai repéré qu’ils n’étaient pas là pour s’occuper de moi, comme ils le font pourtant d’habitude le week-end ou pendant les vacances. Mais pour moi, quitte à empiéter sur mon territoire et mon temps, il faut que ce soit pour s’occuper de moi. Et du petit un peu aussi, je veux bien partager.

Alors j’attire leur attention. Je saute là où je n’ai pas le droit d’aller, je me plains, je cours après le petit pour le faire pleurer, je tape sur leurs épaules.

Eux, ça les agace, mais moi aussi je suis agacé ! Cette présence soudaine et permanente me perturbe au plus haut point, je suis tiraillé entre l’envie de câlins et l’envie de dormir, mon activité préférée quand ils ne sont pas là d’habitude. Résultat, je dors moins, je suis fatigué, donc irritable.

Bon, a priori, eux aussi. Peut-être que je dois calmer le jeu.

Après, ils n’ont pas l’air de m’en tenir rigueur et m’accorde quand même de l’attention. Lui me fait même de la place sur le plan de travail quand Elle ne range pas et encombre mon point d’observation avec ses ustensiles !


Il paraît que je suis encore plus beau sous le soleil. J’adore qu’on me complimente. Quand elle me parle tout bas sur ce ton très doux, je plisse les yeux de plaisir. Mes « beaux yeux » comme elle dit. D’un vert printemps tirant sur le jaune. Tellement limpides sous la lumière crue du jour.

Elle dit que me regarder l’apaise. Moi je ne dis rien, mais quand je sens son regard posé sur moi, même à l’autre bout de la pièce, je me sens rougir même si cela ne se voit pas. Je détourne simplement la tête. C’est gênant parfois tout de même !


Avec eux, je n’ai aucune intimité quand ils sont là. Il est vrai que je ne leur en laisse pas non plus en retour. Mais avec cette cohabitation permanente, j’ai peur que cela pose problème. Je me demande si je ne dois pas réquisitionner un espace rien qu’à moi. Malheureusement, je ne saurais écrire pour mettre un écriteau « Espace réservé ». Déjà que quand je leur parle ils ne comprennent que la moitié de ce que je dis !

C’est pourtant simple, Miaou, veut dire : Miaou.

Néo le Chat

 

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