Ce lundi matin, lever de soleil rouge.

La bourrasque a dispersé les pétales du prunus sur la terrasse. Je balaye ce carnage de rose : c'est bon pour le compost. Les nids ont été secoués, cette nuit.

C'est écrit à la première personne du singulier. Je suis seule chez moi.

Les arbres perdent leurs fleurs, les chats leurs poils d'hiver. Les rituels du ménage deviennent envahissants.

Je leur échappe en marchant dans la plaine. Les très vieux arbres fruitiers ont des branches noires et tordues, mais il leur vient tout au bout des fleurs blanches et du vert.

Je fais leur portrait, je me perds dans les détails de leurs écorces qui en a tant vu...

Je reviens à mes crayons deux fois, trois fois par jour.

Sans les autres, je me confronte à l'épreuve de l'autoportrait.

Les sites gratuits me sont hermétiques, je n'ai jamais la clef. Je cherche des chansons, des poètes.

J'écoute Grand Corps Malade, des messages sur les ondes. J'écoute la radio à reculons...

L'intérêt d'écouter en différé, c'est que je ne risque pas d'entendre marteler le mot "coronavirus".

La réflexion produite il y a un an, deux ans, plus même, éclaire en profondeur ce qui nous dévaste aujourd’hui et jette une lumière sinistre sur ce qui peut venir ensuite.

Car la machine à détruire n'est pas à l'arrêt, elle.

Il y a du pain sur la planche.

La machine à coudre attend sur la table : demain je commence la fabrication des masques "bec de canard"...

 

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