Découvrez les textes créés par l’atelier d’écriture de la médiathèque de Leuville.

La consigne était d'écrire un texte commençant par cette phrase :
"C'est une histoire qui va peut-être t'ennuyer mais tu n'es pas obligé(e) d'écouter."

 

C’est une histoire... - Christine

« C’est une histoire qui va peut-être t'ennuyer mais tu n'es pas obligée d’écouter. Anne eh bien ne pars pas, tu vois à chaque fois que j'essaie d'aborder ce sujet, tu te détournes, tu fuis. Ce qui est terrible c'est que tu ne sais pas ce que je vais aborder. Anne bon sang, retourne-toi, merci de t'asseoir. Cela me touche vraiment que tu prennes enfin un peu de temps pour moi. Alors comme je te le disais, cela risque de te contrarier voire de t’assommer tellement c'est surprenant. Pourquoi soupires-tu ? Ne fais pas la blasée s'il te plaît ! Si tu n'en a rien à cirer, repense au cours de théâtre que t'a enseigné Elsa, fais genre au moins, merci.

Tu te souviens, c'était dans les années 70, lorsque nous allions à la piscine en vélo. Waouh ! Rappelle-toi comme les côtes étaient difficiles à grimper après les longs mois hivernaux, comment nous nous accrochions au guidon, buste recroquevillé en avant, muscles des jambes tendus tels des arcs prêts à céder sous l'effort. On passait par la route du cimetière et nous bifurquions à droite juste avant le champ où vivaient les manouches. On en avait trop peur. Ils étaient sales, pourtant à côté grâce au cimetière il y avait une pompe à eau, ils auraient pu en profiter pour se laver. J'ai encore en mémoire les cheveux des filles crasseux, emmêlés, ils devaient être remplis de poux, c'était certainement pour cette raison qu’à l'école ils étaient toujours au fond de la classe près de la porte. Cette ultime montée nous poussait bien souvent à mettre le pied à terre même si nous savions qu’ensuite s'enchaînaient une ligne droite et la descente tant espérée qui nous ramenait à la maison. Nous passions devant le beau potager de monsieur Ecarlate, un peu plus loin se trouvait l'atelier d'art de Jorge, nous aimions nous y arrêter, lui parler, son accent latino était charmant, sa barbe blanchie par le polissage des pierres était toute douce. A cette époque, c'était fréquent de s'embrasser. Anne, merci de jouer le jeu ! La maison suivante était celle de l'institutrice Mademoiselle Deslettres, nom prédestiné ! Qu'est-ce qu'on a pu se moquer d'elle ! Pourtant elle était gentille. On faisait fissa devant car nous deux, l'école on n’aimait pas trop. Un jour monsieur Ecarlate s'est mis à construire un super beau cabanon au fond de son terrain. Planche après planche, il y mettait tout son amour dans cette construction, il était heureux, cela faisait plaisir à voir. Il nous arrêtait de plus en plus fréquemment pour nous donner toutes les explications, aussi bien celles de la cabane que du potager. Nous l'écoutions gentiment même si cela nous barbait car maman nous avait dit que nous devions être polies, qu’elle ne voulait pas entendre parler de nous négativement dans le village, donc nous l’écoutions. En tout cas toi, c'était beaucoup plus visible que moi que tu cherchais à faire bonne figure car tes tiques aux yeux s'activaient davantage. Encore une chance que tu ne les as plus, c'était moche ! Un jour Pauline - tu te souviens de la petite Pauline, elle habitait sur les hauteurs en direction de Chabin - nous avait rejoint car ses parents se sentaient rassurés de savoir qu'elle était avec nous, pour une fois qu'on nous considérait comme des grandes ! Je me souviens que nous avons passé un excellent moment à la piscine. Nous y avions retrouvé les filles ainsi que Bruno et Laurent. Bruno s'était joint à nous pour le trajet du retour, les autres avaient filé par la route principale. Arrivés presque au sommet de cette côte, Bruno a proposé à Pauline, entre deux respirations haletantes, de lui montrer le petit nid douillet fabriqué par son grand-père. Il en était trop fier ! C'est vrai qu'il était beau ! Tout y était voilage, bac de fleurs, banc avec coussins, petits cœurs sur la porte, les légumes en harmonie avec les fleurs, nous nous sommes arrêtées pour les attendre mais Pauline nous a dit de poursuivre notre chemin car nous étions presque arrivées, qu'elle n'était plus si petite que cela. Bruno, en vrai gentleman, nous a alors promis qu'il la raccompagnerait. Nous avons quand même douté car notre responsabilité était engagée auprès de sa famille. Nous avons patienté un temps puis ne les voyant pas sortir, nous nous sommes approchées sur la pointe des pieds de la fenêtre, comme ils ne faisaient rien de mal, que nous connaissions Bruno et que de surcroit maman n'apprécierait pas notre retard, nous sommes remontées sur nos bicyclettes. C'est le lendemain que j'ai appris la nouvelle. Je ne sais pas pourquoi maman m'a fait jurer de ne rien te dire et m'a fait promettre de ne plus jamais passer par le chemin de la rotonde, c'est la raison pour laquelle nous prenions ensuite la départementale. Le dénouement est proche. Par inadvertance Pauline s’est pris les pieds dans le rateau, elle s’est rattrapée à Bruno qui a fait tomber un bidon d'essence, non fermé, laissé par le grand-père sur la table. Bruno était en train d’allumer au même instant une cigarette, l’effluve a fait le reste. Tu penses bien qu'il ne fallait pas que ça se sache, encore que je n’ai jamais vraiment compris pourquoi ! Un accident reste un accident aussi stupide soit-il ! Tout a brûlé, eux ont juste eu le temps de sortir ! Voilà, cela m'a fait du bien que tu restes là, à m'écouter ou pas, d’ailleurs cet épisode de vie fait partie de notre existence. »

Christine T.

 

C’est une histoire... - Jocelyne

- « C’est une histoire qui va peut-être t’ennuyer mais tu n’es pas obligé d’écouter. »

La tête baissée sur son assiette, il ne répond pas.

- « Tu m’écoutes ou pas ?

- T’as dit que je n’étais pas obligé d’écouter...

- Ok, mais réponds au moins.

- Vas-y, raconte.

- Figure-toi que tout à l’heure en rentrant du boulot, je me dépêchais pour avoir le temps d’aller à la boulangerie avant le couvre-feu et là, devine sur qui je tombe ?

- Sur le boulanger ?

- Rho, mais non, enfin oui bien sûr, mais non. Je tombe sur Pauline. Pauline, tu te souviens ? »

Denis enfourne une grosse bouchée de pâtes pour éviter de répondre.

- « Pauline Dugendre, la fille de notre voisine du 5ème quand on habitait à Clichy. Incroyable, non ? Elle habite ici, à Leuville. Elle m’a raconté un truc insensé sur ses parents. Ils avaient un petit chien tout mignon, Fripon, je crois ; je l’aimais bien, je lui gardais les os du gigot quand on en faisait. Et un jour... »

Denis a déjà lâché l’affaire. Il sait que quand sa femme démarre ainsi, rien de l’arrêtera. Il s’est mis en mode « acquiescement automatique » pour montrer sa présence, mais il est ailleurs. Il est dans son assiette déjà, cette assiette à laquelle il se rattache comme à une bouée de secours ; il manipule sa fourchette, la plonge et la replonge dans ses pâtes pour essayer de masquer le flot de paroles de sa femme du cliquetis du métal sur la faïence. Et il s’étonne ; comment une si petite bouche peut-elle sortir autant de mots à la minute ? Et surtout pour dire des choses aussi peu intéressantes.

- « C’est là qu’ils ont compris qu’ils ne le reverraient pas, parce que comparer un animal à une photo en noir et blanc, c’était un signe, tu vois. La concierge leur avait pourtant bien dit de se méfier, que c’était des choses qui arrivent... »

Denis opine du chef comme une figurine de chien posée à l’arrière d’une voiture et repart dans ses pensées. Il se demande comment ils en sont arrivés là : une rencontre idyllique sous les palmiers de Djerba, un premier enfant arrivé trop vite, le mariage, un deuxième enfant, la maison, un troisième enfant... tout était monté en puissance, trop vite sans doute, avant de retomber comme un soufflé sorti trop tôt du four.

- « Alors leur voiture a dérapé et ils se sont encastrés dans la fontaine de la place du village. Monsieur Dugendre aurait pu baisser les bras mais il a été courageux et a continué à pieds tandis que sa femme... »

Sa femme... pense Denis. Sa femme, il l’espérait cultivée, ouverte au monde, avec des goûts en commun, mais Simone et lui n’avaient rien de tout ça. Et aussi gentille soit-elle, elle n’avait pas su garder allumée l’étincelle de leur rencontre et Denis n’avait plus rien à apprendre d’elle. Tandis que Monique, la bibliothécaire... Il ne pouvait s’empêcher de penser à elle. Chaque fois qu’il allait à la médiathèque (et ses visites s’y faisaient de plus en plus fréquentes), ils avaient de longs échanges de points de vue sur leurs lectures, les films qu’ils avaient vus, les voyages qu’ils avaient faits et quand ils parlaient de ceux qu’ils aimeraient faire, une complicité s’installait qui montrait qu’ils aimeraient bien les faire ensemble et apprendre à se connaitre.

- « Elle a remis son chapeau, a claqué la porte et voilà, c’était fini ! »

Avec Simone, les histoires s’arrêtaient aussi brutalement qu’elles avaient commencé.

- « C’est fou, non ?

- Hm hm.

- T’as écouté ou pas ?

- Oui.

- Et ?

- Et c’était aussi ennuyeux que tu l’avais prédit. Passe-moi le pain.

- Y en a pas.

- Comment ça, « y en a pas » ? Tu viens bien de me dire que tu avais été à la boulangerie ?

- Oui, mais le temps qu’on parle, c’était fermé.

- ... »

Jocelyne D.

 

L'echo de l'histoire - Jacqueline

C’est une histoire qui va peut-être t’ennuyer, mais tu n’es pas obligé d’écouter…

Quoi qu’il en soit j’ai besoin aujourd’hui de me la re-raconter à voix haute. Elle commence avec moi et se poursuit avec nous. Mais si elle te met mal à l’aise, n’hésite pas à aller faire un petit tour.

J’ai 20 ans. Si je me retourne sur le soi-disant temps béni de ma jeunesse, je ne vois pas ce socle familial solide qui forgera mon futur. Je vois un chantier décousu, des bribes de lumière au milieu d’une peur constante maitrisée et de la solitude.

Mais aussi un formidable dérivatif : des livres, beaucoup de lectures sur les histoires des autres. Et enfin un diplôme en poche après un internat de 3 ans pour m’enfuir et voler de mes propres ailes.

Fini la sagesse, le dos courbé, les coups et les frustrations. A moi la capitale ! Et à moi l’amour des hommes pour compenser.

Tant qu’à faire, des hommes mariés, pour rester libre et les rendre sans scrupule au magasin le soir et pour dormir seule en étoile de mer.

C’est gentil un homme marié : ça mesure bien sa chance d’une deuxième chance, c’est gai, ça vous gâte. Je ne les ai jamais cherchés mais quelques-uns sont venus à moi déposer leur fardeau de mari incompris.

Bref, j’ai sûrement fait du bien et du mal en même temps, mais ma joie de vivre, jusqu’alors repliée en fœtus larvé, s’est beaucoup développée.

Ahh, la liberté qu’offrait PARIS, de sortir tard, d’acheter des fringues insolites, de boire un peu, beaucoup, dans des endroits joyeux, puis de goûter aux dangers des quartiers douteux avec une amie, d’en rire énormément. Ça m’allait bien !

Ce soir, je reprends la plume pour continuer le récit. Oui, je m’en souviens, cette période m’excitait. J’étais moi enfin… jusqu’à toi.

Tu étais libre, pas très beau, pas très dragueur, avec cette profondeur au fond du regard où je me suis arrêtée, curieuse et déjà attirée. Ta gentillesse et ta patience ont fait le reste.

Moi qui jamais ne voulais m’engager, me ligoter bêtement dans une aventure à deux comme tout le monde, j’ai flanché tout doucement.

Et je me suis sentie apaisée de mes démons, bien en harmonie de cœur et de corps à tes côtés, durant des années. Tu as gommé tous mes angles pointus, je me suis rassurée, épanouie.

J’ai 50 ans maintenant. Tu es là, tu m’écoutes lire cette histoire en deux temps. Merci.

Il est dit que la vie vous renvoie souvent en pleine face ce que vous avez fait.

J’ai mal, très mal. Je vais cependant t’aider à faire tes valises et t’ouvrir la porte vers cette petite beauté célibataire de 20 ans qui a croisé ta route et qui te consolera de nous.

Je suis bien placée pour savoir qu’elle te rendra fou d’amour.

Je voudrais juste que tu saches que j’ai grandi aussi grâce à toi et que je serai mûre pour le pardon, le jour où elle te dira qu’elle adore dormir en étoile de mer sur toute la largeur du lit.

Jacqueline

 

L'annonce - Véronique

« C’est une histoire qui va peut-être t’ennuyer mais tu n’es pas obligé d’écouter. »

Ça y est, elle va enfin se jeter à l’eau après toutes ces années !

Dans un face à face avec son fils ainé, elle a enfin décidé de lui raconter toute la vérité, plutôt SA vérité, celle qu’elle avait gardée enfouie au fond d’elle-même depuis bientôt 20 ans déjà !

Il est devant elle, son grand, immobile, attendant la suite, patiemment.

La douleur de sa mère est palpable, elle semble se battre avec de vieux démons et lutte avec force pour s’en débarrasser.

Il lit tout cela au fond de ses yeux et puis aussi cette peur panique de tout perdre et puis aussi de décevoir ; de le décevoir !

Elle hésite encore et malgré son sourire censé détendre l’atmosphère et les tensions, ses mains crispées témoignent.

Il attend toujours qu’elle se décide, ne la précipite pas car il a senti que ce qu’elle avait à lui dire est primordial, vital pour elle et lui.

Le temps passe, elle n’a toujours rien rajouté mais prend soudain ses mains dans les siennes et les caresse doucement comme lorsqu’il était enfant.

Mon petit d’homme, si grand maintenant !

Comme il lui ressemble de plus en plus !

Cette même petite fossette sur le coin gauche de la bouche et cette façon de poser son regard sur moi, comme si j’étais la plus belle personne qu’il ait rencontré, l’unique amour de sa vie !

Maman me regarde maintenant plus intensément, comme si elle voulait lire au fond de moi.

Elle ne quitte pas son sourire béat ; je commence vraiment à me poser des questions...

A-t-elle vraiment quelque chose à m’annoncer ou a-t-elle malheureusement des absences qui la coupent de la réalité ?

Ça y est, elle prend une grande inspiration et ses lèvres se sont mises à frémir ; elle va enfin s’expliquer !

« Tous les trois, toi, ton frère et ta sœur, j’ai toujours mis un point d’honneur à vous élever et aimer de la même façon sans favoritisme aucun.

Vous êtes les trois maillons d’une chaîne que je porte avec fierté et sans entrave aucune. »

Elle laisse défiler volontairement de longues secondes de silence pour être sûre que son fils a bien enregistré ces paroles préliminaires à l’annonce qu’elle doit lui faire maintenant.

« Vous vous êtes toujours bien entendus tous les trois malgré la différence d’âge ?

Cela ne t’a jamais posé de problème d’être l’ainé avec plusieurs années d’écart ? »

Je commence quand même à perdre un peu patience et aimerais qu’elle rentre enfin dans le vif du sujet...

« Alors voilà, plus jeune, je suis tombée follement amoureuse d’un homme avant de rencontrer papa… »

Son fils se lève et lui sourit... « Mais, Maman, je le savais déjà !!!

Le mois dernier, on a décidé tous les trois de faire un test ADN pour connaitre nos origines ethniques.

Et c’est par ce biais que l’on a appris que l’on avait des ancêtres chinois et hollandais et que je n’étais que leur demi-frère…

Incroyable non ? »

Véronique C.

 

C’est une histoire... - Eric

C’est une histoire qui va peut-être t’ennuyer mais tu n’es pas obligée d’écouter. Elle a commencé il y a quelques mois, à peu près au moment où nous nous sommes rencontrées. Quand je dis à peu près, c’est pour rester volontairement floue, on ne sait jamais quand ça commence vraiment les histoires. Ni d’ailleurs quand ça fini. Je ne sais même pas si celle-ci a vraiment commencé. Disons que oui, elle a commencé, sinon nous ne serions pas là toutes les deux, moi à te parler, toi à relever de temps en temps les yeux d’un air faussement distrait. Oui, cette histoire nous concerne, enfin elle me concerne à coup sûr. Reste à savoir ce qu’il en est pour toi. Revenons à notre rencontre. Sais-tu quand nous nous sommes vues pour la première fois ? Tu ne réponds pas. Peut-être l’as-tu déjà oublié. Le début de l’histoire date t-il de ce jour où nous nous sommes aperçues au centre-ville, toi assise en terrasse, et moi qui promenais le chien un peu plus loin que d’habitude ? Ou de cette autre fois près du terrain de sport, où je t’ai vue faire des tours de terrain pendant que mon fils terminait son entrainement de rugby. Ou encore de ce vernissage à la galerie Marsac, à laquelle je suis venue accompagnée, alors que toi tu y étais seule. Je me suis figée net en te voyant ce soir-là, et j’ai eu l’envie irrépressible d’aller vers toi, de te proposer une coupe de champagne, de discuter un peu. Il est certain qu’à ce moment-là nous étions déjà dans l’histoire. Enfin moi j’y étais. Autant de coincidences si rapprochées, même dans une petite ville, ça ne pouvait pas être anodin. Tu te rappelles ce moment précis où je me suis frayée un chemin jusqu’à toi, où je t’ai glissée à l’oreille : « Bonsoir, on se connaît, non ? » Combien j’ai dû être ridicule. Affreusement petite bourgeoise de province. « On se connaît, non ? », avec une petite pointe de mépris pour me donner une contenance. En tout cas c’est ainsi que mon histoire se raconte. Car toi tu n’as pas eu l’air offusqué. Tu as eu ce petit sourire emprunté, celui qu’on adopte le temps de convoquer ses souvenirs, avant de prendre la mine étonnée qui convient pour répondre : « Ah bon, on se connaît ? », sans se douter une seule seconde qu’on est en train de poignarder l’autre, de la réduire à néant, de la rendre aussi transparente que tous les convives qui se bousculaient dans la galerie ce soir-là. Maintenant que j’ai dit ça, l’histoire commence à se préciser, non ? Peut-être en éprouves-tu de la gêne. Tu sens mes mots courir sur ta nuque et tu te rétractes, tu es même parcourue d’un frisson. Ne dis pas non, tu viens d’avoir un léger tressautement de l’épaule vers le cou, comme si une petite bête voulait se poser sur toi. Sais-tu que j’aimerais me poser sur toi ? Tu comprends maintenant pourquoi je suis partie si vite à la galerie, pourquoi à peine notre échange entamé, je me suis laissée volontairement happer par un déplacement de foule qui m’a menée sur le trottoir où mon mari fumait sa cigarette. Je l’ai prié de rentrer tout de suite à la maison, sans même t’adresser un regard. Et dans les jours suivants j’ai tenté d’écarter cette folie, cette folie de penser à toi, de ne penser qu’à toi, tout le temps. Mais elle était plus forte que tout. C’est pour ça que je suis venue seule aujourd’hui. Nous allons pouvoir nous parler, faire un peu connaissance. Cette fois-ci tu ne pourras pas dire que tu ne me connais pas. Regarde-moi. Non, là, légèrement derrière toi, à ta gauche. Voilà. C’est moi, je te souris. Rejoins-moi s’il te plaît. Oui, maintenant, oui. L’histoire peut vraiment commencer.

Eric R.

 

End FAQ

 

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